E n j e u x     e n v i r o n n e m e n t a u x ,   
s a n i t a i r e s    e t    é t h i q u e s

      L'uranium appauvri (UA) est devenu, au fil des années, une matière première d'utilisation banale : au total, plus d'un million de balles et d'obus à l'UA ont été tirés lors des guerres du Golfe, de Bosnie et du Kosovo ; plus d'un millier d'avions ont été équipés de contrepoids à l'UA et plusieurs centaines d'entre eux survolent encore nos territoires ; l'UA est couramment utilisé pour fabriquer des conteneurs pour les sources et les déchets radioactifs ; l'artisanat a également recouru à l'UA pour la coloration des verres et des émaux.
      Cet engouement s'explique par les qualités particulières de ce métal gris argenté :

densité exceptionnelle, propriétés pyrophoriques, pigmentaires, coût modique, et disponibilité absolue : près d'un million de tonnes sont entreposées de par le monde.

Le problème, c'est que l'uranium appauvri est aussi une substance radioactive, toxique tant sur le plan chimique que radiologique. La réglementation impose d'ailleurs que ce sous-produit de l'industrie nucléaire, soit surveillé et confiné afin d'éviter toute contamination de l'environnement et de ceux qui y vivent.
Les utilisations civiles et militaires de l'UA constituent ainsi une violation flagrante des règles fondamentales de radioprotection. Ces infractions n'ont pourtant provoqué ni procès, ni sanction. Plusieurs éléments expliquent que ce développement massif se soit effectué en toute impunité.

La CRIIRAD travaille depuis 1998 sur le dossier de l'uranium appauvri. Les analyses réalisées alors par son laboratoire sur de la poudre d'émail de couleur jaune avaient démontré qu'elles contenaient près de 10 % d'UA. Cogéma approvisionnait la cristallerie Saint-Paul sans que les autorités de contrôle y trouvent à redire et les poudres uranifères étaient en accès libre dans les magasins de Limoges et les placards des écoles.
Au printemps 2000, au terme de longs mois de discussions et grâce à la forte mobilisation de l'opinion, la CRIIRAD a obtenu que l'ajout de substances radioactives dans les biens de consommation reste interdit. Des objets radioactifs ne devraient plus parvenir incognito à notre domicile.
   Une victoire, certes, mais encore limitée : ni les contrepoids des avions, ni les obus ne sont considérés comme des " biens de consommation ". Si l'industrie civile (l'aéronautique en particulier) semble limiter progressivement l'emploi de ce métal radioactif, les applications militaires sont par contre en plein développement.

   Les armes capables de polluer durablement l'environnement et de contaminer les populations civiles sont théoriquement interdites par les conventions internationales. Les Etats-Unis ont passé outre, notre pays aussi et la liste ne fait que s'accroître. Quand tous les pays seront dotés d'armes à l'UA, tout avantage tactique aura disparu... mais la pollution restera, et pour longtemps, avec son cortège de décès, de maladies, de cancers et de malformations.

   A-t-on le droit de fabriquer des armes qui hypothèquent l'avenir de populations innocentes et font payer aux enfants le plus lourd tribut ?
   Cette question doit interpeller chacun de nous et le soin d'y répondre ne doit pas être laissé à quelques décideurs anonymes.

un article de la
Commision de Recherche et d' Information Indépendante sur la Radioactivité.
(CRIIRAD), Janvier 2001.

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Autres articles :

Entretien avec Bruno Barrillot, directeur de
l'Observatoire des armes nucléaires françaises

 

 

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